Ces organismes du jeu vidéo en France à connaître !
Ces organismes du jeu vidéo en France à connaître !
⏱ Temps de lecture : 10 minutes • ✍ Écrit par Linda Gagnière de Game Sup
Ce n’est plus un mystère depuis des décennies : l’industrie du jeu vidéo est un marché prospère qui ne cesse de se développer à travers le globe. Face à cette croissance, pour soutenir durablement l’essor de la filière vidéoludique en France, un certain nombre d’organismes ont vu le jour. Associations, organisations privées, agences, académies, syndicats… Malgré leur nombre et le poids important de leurs actions, ces organismes du jeu vidéo ont paradoxalement tendance à être peu mentionnées auprès du grand public.
Ils sont pourtant essentiels à la promotion de l’art du jeu vidéo et des métiers de la filière, ou encore à l’amélioration des conditions de travail des professionnel·le·s du secteur ! Qu’ils s’agissent de grandes structures étendant leur influence à l’internationale, ou de petits groupes se concentrant sur des actions locales, chacun des organismes du jeu vidéo mentionnés par cet article participe à embellir le paysage vidéoludique français.
L’AFJV, au service de tous les organismes du jeu vidéo
L’Agence Française pour le Jeu Vidéo (AFJV) est une organisation privée. Elle a pour objet de favoriser l’emploi et la création d’entreprises au sein de la communauté française. Les secteurs visés sont ceux de la conception, de la production, de l’édition et de la distribution d’œuvres multimédia. Elle en promeut les innovations et les créations techniques, artistiques et intellectuelles.
Son site est une vraie mine d’or ! Il regroupe de nombreuses informations sur les organismes du jeu vidéo et sur l’industrie en général. Il offre l’accès à un annuaire complet des sociétés de jeux vidéo, à des actualités et des études récentes, ainsi qu’à des forums d’échanges sur l’univers du gaming. L’AFJV possède également plusieurs portails menant à des ressources spécifiques :
Un portail d’informations sur l’actualité des Serious Games, ou « jeux sérieux » : ils sont développés dans un but pédagogique, informatif ou d’entraînement ludique.
Un sous-domaine d’informations produits, recensant l’actualité des jeux vidéo toutes plateformes confondues.
Un portail de recrutement dans le secteur vidéoludique en France. C’est un véritable répertoire d’annonces d’offres d’emploi.
Un lien vers le site des Ping Awards. Cette cérémonie met sous les projecteurs les artistes composant le paysage de la création numérique française.
Les associations régionales
Game Only
Game Only est une association lyonnaise qui joue un rôle crucial au sein de l’industrie du jeu vidéo en Région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle accompagne les initiatives locales, et promeut le savoir-faire régional à l’échelle nationale et internationale. Ses agissements sont en faveur de la santé, de l’inclusion et de l’égalité des chances au travail.
Engagé dans la formation des professionnel·le·s du jeu vidéo, Game Only aide de nouveaux studios à voir le jour sur son territoire. Cet organisme cherche également à susciter l’intérêt des jeunes et du grand public via les actions de son association fille, Ambition Jeu vidéo. Elle éduque les élèves des collèges et lycées sur les métiers de l’industrie vidéoludique. Par la suite, elle les aide à poursuivre leurs études dans le domaine.
Push Start
Push Start est une association à but non lucratif basée en Occitanie. À l’instar de Game Only avec Ambition Jeu Vidéo, elle rassemble les passionné·e·s de l’univers du gaming dans sa région. Elle favorise les échanges et organise des événements pour promouvoir cette forme de divertissement. Son objectif principal est de créer un environnement convivial pour les joueuses et joueurs de tous niveaux et de toutes origines. Elle leur offre des occasions de se réunir et de célébrer leur passion commune.
Push Start fait partie du Consortium National du jeu vidéo. De plus, c’est cette association en particulier qui, en son sein, a porté la production du Diagnostic Filières et Métiers d’Avenir « Ambition Jeu Vidéo ».
Capital Games
Capital Games est l’association du jeu vidéo en Île-de-France. Elle regroupe studios, éditeur·rice·s, prestataires, médias et écoles, toutes et tous spécialisé·e·s dans les jeux vidéo à Paris et en Région. En cela, ses valeurs et missions sont similaires à celles de Game Only ou de Push Start : partage, entraide et création d’opportunités dans l’industrie vidéoludique.
Un exemple probant d’action réussie est à citer en 2018 : avec le soutien de l’association Capital Games, la Région Île-de-France a monté un fonds annuel de soutien aux créations de jeux vidéo, et un système d’accompagnement sous forme de mentorat. Cette aide sélective a notamment pour objectif de conforter l’écosystème professionnel régional. En effet, étant remboursable à la production, elle peut ainsi générer un cercle économique vertueux.
Les autres organismes du jeu vidéo par régions
Game IN
Hauts-de-France
Atlangames
Bretagne et Pays de la Loire
Bouftang
La Réunion et territoires Outre-Mer
East Games
Grand-Est
SO· Games
Nouvelle-Aquitaine
Les associations au retentissement national et international
Afrogameuses : présentation et témoignage
À l’origine, Afrogameuses n’était un simple compte Instagram, né d’un triste constat : l’invisibilité des femmes noires dans les jeux vidéo. Celles-ci sont effectivement sous-représentées sur la scène e-sportive, en streaming, ou même dans les entourages de joueurs et joueuses. Or, à force de recueillir sur son compte des témoignages de sexisme et de racisme, la créatrice a décidé de donner une nouvelle envergure à son initiative. Elle lance alors une campagne de crowdfunding, qui attire positivement l’attention de la communauté du gaming. Son succès lui donne finalement les moyens de mener à bien la mission qu’elle s’est donnée : mettre en avant les minorités ethniques dans le jeu vidéo.
Ainsi, l’association Afrogameuses voit officiellement le jour en 2020 : elle organise des évènements, met à disposition des ressources sur la diversité culturelle, tient à jour un annuaire de streameuses et professionnelles de l’industrie issues de cette diversité, et propose des espaces d’écoute et de soutien aux victime de toxicité.
Découvrir et intégrer la communauté d’Afrogameuses
Noelwenn, membre d'Afrogameuses depuis 2020
À la base, c’est une autre de mes copines qui m’a fait connaître Afrogameuses et qui m’a invitée sur leur Discord. Ensuite on s’est suivi mutuellement sur Twitter, et j’ai commencé à m’intéresser un peu à ce qu’elles faisaient. Elles organisent énormément d’événements en Île-de-France. Des soirées Just Dance, des soirées karaoké, des petits championnats de jeux vidéo… Je vois souvent leurs annonces, elles essaient de faire des meet-up, tout le monde met ses chaînes Twitch pour pouvoir se suivre…
Le cœur de la lutte : l’invisibilisation de la femme noire dans le jeu vidéo
Noelwenn
On aborde certains problèmes qui découlent de la société, mais qui éclaboussent le monde du jeu vidéo : comme l’invisibilisation de la femme, et de la femme noire en général. Déjà, dans les jeux, les femmes protagonistes il y en a très peu. Alors des femmes noires, ou autre chose que blanches, c’est pire ! Quand on joue, on essaie de faire des screens, de prendre en photo quand il y a un personnage noir. On analyse ça entre nous, on en parle gentiment. Si le charadesign il est bien fait, s’il est pas stéréotypé, s’il est pas insultant…
Aborder le sujet du sexisme dans le monde du gaming
Noelwenn
On parle pas mal de l’actualité, des polémiques qu’il y a car il y en a très souvent. Pas toujours autour de la présence d’une femme noire, mais très souvent autour de la présence d’une femme tout court dans la scène jeu vidéo… que ce soit un personnage ou une joueuse.
Un truc tout bête, la connotation de « e-girl » : bien sûr, la plupart du temps, les gens utilisent ce mot comme une petite blagounette. Mais pour les gamers hardcore, c’est une insulte. Alors que ça veut juste littéralement dire « une fille connectée », qui joue aux jeux vidéo. Or maintenant une e-girl c’est mal vu, c’est péjoratif.
Échanger au-delà de l’univers du jeu vidéo
Noelwenn
Les canaux de discussion sur Afrogameuses c’est vraiment sur tout. Je poste mes screens d’Animal Crossing là-bas, j’adore ! Ça met aussi en avant les petits commerces de femmes noires. Si quelqu’un cherche un boulot, les gens postent les offres d’emplois qu’ils ont vu et qui pourraient intéresser telle ou telle personne. On se donne des petits conseils coiffure aussi. On parle de nos vacances, des voyages qui sont safe ou pas pour des femmes noires… Ça a vraiment dépassé le stade du jeu vidéo. C’est un endroit où on peut se rassembler entre nous pour parler du jeu vidéo et de notre vie en général.
Women In Games France
Women in Games France rassemble des activistes internationaux luttant pour l’émancipation et l’autonomie des filles et femmes dans l’écosystème global du jeu vidéo. En créant de nouvelles plateformes, voies et synergies, leur objectif est de créer un environnement équitable, égalitaire et sûr, pour favoriser l’autonomie de cette population féminine.
Pour se faire, Women in Games France réunit des agent·e·s du changement, des allié·e·s, des hommes et des garçons, des champion·ne·s, des expert·e·s, des organisations locales, et plus encore. Ensemble, toutes ces personnes initient de nouveaux dialogues axés sur des solutions partagées en faveur de l’équité et de l’égalité pour tous·tes.
Le saviez-vous ?
Les organismes du jeu vidéo Women In Games France et Afrogameuses font partie du collectif Femmes@Numérique, qui repose sur une fondation et une association soutenue par l’État. Cette dernière rassemble les actrices et les acteurs qui s’engagent dans l’inclusion indispensable des femmes dans les secteurs du numérique. Par cette démarche, elle souhaite donner toutes ses chances à la transformation urgente, profonde et durable qui doit être conduite.
L’association a pour objectif de suivre et de promouvoir à l’échelle nationale les projets financés/accompagnés par la fondation. En parallèle, elle pense également l’organisation de plans d’actions de déploiement et de partage de connaissances. Enfin, pour pérenniser la démarche, elle s’assure du développement des ressources et de l’adhésion des communautés et réseaux qui constituent l’écosystème.
Game Impact
(Crédits : Game Impact)
Game Impact est une association qui promeut une vision du jeu vidéo comme acteur de futurs souhaitables. Ouverte à toutes et tous, elle fédère des acteur·rice·s de divers secteurs : jeu, médiation culturelle, enseignement, économie sociale et solidaire, associatif… Et elle les convie à coexister dans un climat d’équité, de bienveillance et de respect. L’objectif commun est de s’emparer du jeu pour comprendre et agir sur le monde. L’association organise des évènements de divers types :
- Tables rondes mensuelles, pour interroger les liens entre le jeu et un sujet de société : environnement, santé, migrations, médiation, inclusivité, mesure d’impact, modèles de narration… En juin dernier a notamment été abordé le thème des enjeux autour des écoles du jeu vidéo.
- Game jams, mettant en contact des jeunes développeurs et développeuses avec des associations pour développer un jeu sur un sujet de société.
- Ateliers et conférences pour le grand public, de sensibilisation au rôle du jeu dans la société.
Loisirs Numériques
Loisirs Numériques se définit comme un rassemblement de passionné·e·s et de curieux·ses souhaitant appréhender le jeu vidéo au sens large. L’association met l’accent sur la convivialité, le partage de bons moments, les échanges avec de nouveaux visages, et l’absence de jugement ou d’a priori.
Elle est notamment connue pour être à l’initiative des Journées Mondiales du Jeu Vidéo depuis 2010. Elle organise également de nombreux évènements pour toutes et tous tels que des tournois ou des débats. Enfin, elle entreprend plusieurs démarches solidaires récurrentes :
Jeux Donne
Il s’agit d’une collecte annuelle de milliers de jeux et consoles, qui sont par la suite redistribués contre des dons libres lors de brocantes. Les fonds récoltés sont reversés à des associations caritatives partenaires.
Le Desert Bus de l’Espoir
Ce marathon caritatif annuel repose sur un principe décalé : proposer un stream Twitch de divertissement sur Desert Bus, le jeu le plus ennuyeux de l’Histoire. Pendant 50 heures sans interruption, des personnalités du monde du jeu vidéo se relaient pour discuter ensemble et avec les internautes, tout en se passant successivement une manette pour… faire rouler un bus en ligne droite dans le désert.
La Bourse Jeux Vidéo
Cette bourse apporte un soutien financier et humain à des jeunes pour accéder aux métiers de l’industrie vidéoludique. Attribuée sur la base de critères sociaux et d’excellence scolaire, elle accompagne les étudiant·e·s qui en bénéficient jusqu’à leur premier emploi dans le secteur du jeu vidéo.
Les syndicats dans l’industrie vidéoludique
Le SELL (Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs)
Le Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs est une association professionnelle créée en 1995. Elle se compose d’entreprises spécialisées dans l’édition de jeux vidéo.
En ce sens, le SELL a pour objectif de favoriser leur travail autour d’actions bénéficiant au plus grand nombre. Ces dernières expriment ainsi la richesse, la créativité et le sens des responsabilités de cette industrie.
Ses principales missions sont donc la promotion du jeu vidéo et la sensibilisation des joueuses, des joueurs et des familles aux bonnes pratiques pour en profiter sereinement.
Le SNJV (Syndicat National du Jeu Vidéo)
Le Syndicat National du Jeu Vidéo promeut ce secteur en France. Il rassemble en particulier les professionnel·le·s de l’industrie vidéoludique, à savoir :
- les entreprises de production et d’édition de jeux vidéo françaises,
- toutes les structures qui concourent aux activités de production en France,
- les partenaires de la création de jeux vidéo.
Tout d’abord, le SNJV réunit les organismes d’enseignement aux métiers de l’industrie, au sein du réseau des formations aux métiers du jeu vidéo. Créé en 2015, il regroupe les formations sérieuses aux métiers du jeu vidéo, avec pour objectif une meilleure cohésion générale. Par ailleurs, Game Sup a intégré ce réseau courant printemps 2023 !
Ensuite, cet organisme du jeu vidéo fédère les clusters d’entreprises du marché vidéoludique en régions. Chaque année, le SNJV délivre un Baromètre annuel du Jeu Vidéo en France. Ce document dresse un état des lieux de la production, de l’emploi et de la situation économique et financière des entreprises sur le territoire. Il est enrichi au fil des ans grâce à une enquête auprès de ces dernières. Cet outil permet donc de mesurer précisément les évolutions et tendances du secteur. Les inscriptions à l’enquête pour l’édition 2022 ont été clôturées en mai dernier.
Enfin, le SNJV œuvre à la croissance et à la compétitivité du secteur vidéoludique pour renforcer l’attractivité du territoire sur la scène mondiale. Parmi ses actions s’inscrivant dans une démarche de développement international, on peut citer la co-production de la Cérémonie des Pégases, organisée par l’Académie des Arts et Techniques du Jeu Vidéo.
Le STJV (Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo)
Le STJV a pour vocation de constituer un pacte de solidarité, d’amitié et de défense mutuelle entre les professionnel·le·s de l’industrie du jeu vidéo. Il soutient la démocratie directe et leur autonomie, et défend leurs intérêts moraux et économiques. Pour cela, il s’appuie sur les éléments suivants :
- Le respect scrupuleux du droit du travail
- L’amélioration des conditions de travail (rémunération équitable, respect des travailleur·se·s…)
- La lutte contre toutes les discriminations
- L’aide aux professionnel·le·s de l’industrie en difficulté dans le cadre de leur travail, membres du syndicat ou non
- L’accessibilité à la connaissance de ses droits, essentielle pour les défendre
- L’information des acteurs publics. Ils doivent bénéficier du point de vue des travailleur·se·s et pas seulement de celui des propriétaires
- La promotion de toutes formes, nouvelles ou alternatives, d’organisation du travail propices à assurer de bonnes conditions
Pour conclure
Afin de continuer à se développer dans la bonne direction, la filière vidéoludique a besoin que chacune de ses facettes soit représentée auprès des pouvoirs publics, des médias et du grand public. Différents organismes sont nés et naîtront encore au fil des problématiques que rencontre le monde du jeu vidéo. Ils prennent de multiples formes, associatives, académiques, publiques ou privées, et leur échelle d’influence est tout aussi variable.
Certains agissent pour mettre en avant les joueurs et de joueuses sur les scènes régionales, nationales et mondiales, par le divertissement ou la compétition. D’autres encore réunissent les professionnel·le·s de tous les secteurs s’impliquant dans l’industrie, en fonction des territoires ou des enjeux. Ainsi ils font briller leur talent, harmonisent leur travail, encouragent la création et l’innovation, améliorent l’employabilité et l’accès aux études et aux formations.
Leur rôle est également d’informer tout type de public, en mettant à disposition et à jour un grand nombre de ressources en ligne, ou via des événements tels que des meetings, des conférences, des salons. Ce rôle informatif peut s’étendre jusqu’à mener des campagnes de sensibilisation. En effet, la plupart des organismes font la lumière sur les mauvaises pratiques et les inégalités présentes dans l’univers du jeu vidéo. Ils œuvrent alors pour la défense des droits et du bien-être des salarié·e·s, pour plus de diversité, d’inclusivité et de représentativité.
Grâce à l’ensemble de ces organismes du jeu vidéo, l’industrie et la scène du gaming toute entière peut tendre vers une évolution positive. Elle peut espérer ainsi prospérer sur la bonne voie : vers un environnement de travail mieux compris, plus sain, vers une plus grande richesse des cultures dans les contenus vidéoludiques, et vers une communauté respectueuse et respectée.